La forêt, si colorée en ce début d’automne est brusquement devenue terne lorsque la nuit est tombée. Les nuages noirs cachent jalousement la lune et la pluie battante empêche les voyageurs de regarder le ciel, forcés de courber l'échine.
Seule, à tâtons dans la pénombre, Melwyn peste contre elle-même. Quelle idée d’accepter pareille mission… Voila trois jours qu’elle erre sous le ciel capricieux qui ne cesse de cracher de l’eau. Ses vêtements trempés collent contre sa peau gelée. Son corps tout entier est secoué de tremblements. Sa robe, souillée par la boue et les feuilles mortes, a fini par se trouer en plusieurs endroits sur les arbres aux branches crochues. Elle s’appuie sur son bâton pour se traîner un peu plus en avant.
Au silence inquiétant de la forêt succède parfois des bruissements suspects et des cris d’animaux. La jeune femme tressaille à chaque son, de plus en plus dévorée par la peur de faire une mauvaise rencontre. Malgré tout, elle avance.
Un éclair, suivit du grondement du tonnerre, la fait sursauter. Encore un mauvais présage. Elle ne dormira pas cette nuit. Pourtant, elle est si lasse… Ses yeux fatigués lui donnent une vision floue de la forêt sombre. Son front est brûlant, son esprit est embrouillé par la fatigue. Elle est épuisée.
Son sac de vivres est presque vide. Elle n’a plus le choix. Elle va devoir abandonner sa mission et rebrousser chemin. La tête lui tourne. Il faut se reposer un peu. Ses pieds, las de la longue marche soutenue, la font terriblement souffrir. Elle s’assoit sur la racine apparente d’un chêne qui la protège de la pluie plutôt sommairement, avec ses feuilles écarlates et vermeilles.
Qu'il est dur d’accepter l’échec. Si seulement le temps n’avait pas été aussi mauvais, elle aurait sûrement réussit à la trouver, cette bête qui terrorise les villages alentours.
Ses dents claquent entre ses lèvres bleues, elle est frigorifiée, jusqu'à la moelle. Il sera difficile, pour ne pas dire impossible de trouver du bois sec pour faire un feu. Elle ferme les yeux. Malgré l’épuisement, elle trouve la force d’auréoler sa main de flammes, bien maigre pouvoir, mais au moins, elle se réchauffera un peu. La brume monte dans la forêt. un oiseau de nuit s'envole en fouettant de ses ailes les feuillages morts.
Bientôt, la fatigue l’enveloppe, malgré la fièvre et le froid. Elle somnole, relâche son poing, dissipant la magie, et tombe endormie sur la vieille racine. Repos trop court. Un râle suivi d’un grognement près d’elle la réveille. Melwyn ouvre les yeux. Il se dresse devant elle, sur deux pattes, le poil noir hérissé, la gueule ouverte, suintant la bave. Il doit bien faire plus de deux mètres, L’ours, qui montre ses crocs blancs et acérés.
Le cœur de la prêtresse bondit. Elle retient un cri de terreur. La poisse… entre la pluie et les bêtes, on ne peut pas être deux minutes tranquille… il va falloir jouer serré, La concentration est la clé de toute magie mais la fatigue est trop présente, elle a conquis l’esprit… et ce fichu mal de tête qui ne veut pas s’en aller…
Melwyn ferme les yeux, et cherche dans les méandres de son esprit. Son corps s’enveloppe dans une bulle turquoise, juste à temps pour stopper la grosse patte de l’ours qui s'abat sur elle. Lorsqu’elle les rouvre, des flammes se reflètent dans ses prunelles, sa main droite, poing fermé à l’extrême, forge une ardente boule de feu.
L’ours, dont la patte griffue était à nouveau brandie, a un moment d’hésitation, à peine perceptible dans ses yeux injectés de sang. La prêtresse relâche sa prise, non sans cacher un sourire inquiétant sur ses lèvres. La boule de feu vient s’écraser sur le museau de l’animal qui pousse un cri déchirant avant de charger férocement la prêtresse qui en a profité pour prendre la fuite.
La jeune femme court entre les branches qui lui griffent les bras, les épaules et le visage. Elle qui était si fatiguée il y a quelques instants, où trouve t elle la force de se sauver si vite? Est ce vain? Car la bête court très vite aussi...
Entre deux mèches de jais, en bataille, elle aperçoit l'ours qui la rattrape. Son pelage noir se rapproche comme une ombre, à peine perceptible entre les troncs d'arbres et la brume nocturne.
Quel idiot… il me suit… soit. Elle s’arrête brusquement de courir et se retourne face à l’animal. Les deux poings serrés, les yeux fermés, elle se plonge dans une profonde méditation. Elle doit réussir son incantation avant qu'il ne l'atteigne. Le temps est compté. Ses poings s’auréolent d’une lumière intense, déchirant les ténèbres. La bête cherche à se figer, mais dérape sur les feuillages, emporté par son propre poids. Des chaînes lumineuses surgissent de sous les feuilles mortes qui tapissent le sol et le retiennent brusquement. La bête se débat dans sa prison de lumière qui absorbe sa misérable vie durant de brèves secondes, que la souffrance fait paraître une éternité. Les chaînes disparaissent. Il tombe au sol, inerte, dans une dernière plainte qui déchire le silence ambiant. La nuit reprend sa place.
Elle, essoufflée, épuisée, sent ses jambes fléchir. Elles ne la supportent plus. Melwyn observe le ciel, à travers les feuillages noirs, la lune qui s’est enfin libérée des nuages, un bref instant, pour éclairer son visage défait, avant de disparaître à nouveau. Elle ne pense plus à rien, elle à l'impression que sa tête est vide, que son âme la fuit. Elle pousse un profond soupir de soulagement. Elle a réussit. Puis c'est la chute, froide et interminable, dans l'inconscience.
[HRP] Manque de temps? D'inspiration? d'affinité avec les rôlistes? Je ne saurais vraiment le dire, toujours est il que ces derniers temps, je n'ai ni plaisir ni envie de roleplay. Attention, ce n'est la faute de personne, sauf peut être de moi même, mais je préfère tirer ma révérence RP parlant, sans pour autant me fermer la porte si un jour je devais revenir. Bon RP ! [/HRP]
Sujet: Nocturnale. 
Mer 20 Oct - 17:01