Recluse.
Le soir tombe. La maisonnée est modeste, sombre et loin de tout. Les braises de l’âtre diffusent une faible lumière rougeâtre, qui semble gagner la lutte contre les lueurs pastel du crépuscule.
Recroquevillée devant le foyer tiède, Melwyn semble pensive, la tête posée sur ses genoux, comme si elle voulait se faire toute petite. Son ombre tremblante se reflète sur le sol. La jeune prêtresse se balance dans un mouvement lancinant, pour se bercer, humant l’odeur du bois brûlé, observant de ses prunelles bleues et vides la cendre au bord des pierres grisâtres de la cheminée.
Le silence s’est installé autour d’elle. Pas un bruit au dehors, pas un chant d’oiseau, pas un murmure du vent. Le feu agonisant illumine les plis de sa robe de soie, Ses longs vêtements turquoise s’étalent sur le vieux parquet grinçant.
Nostalgique.
Voila bien longtemps qu’elle n’était pas allée à la taverne de la Dame Yamui, pour y rencontrer ses compagnons de fête. Elle esquissa un bref sourire, la taverne existe-t-elle seulement encore ?
Melwyn avait souhaité cette retraite. Des idées s’étaient bousculées dans sa tête. Elle ne s’était pas sentie à la hauteur. Pas à la hauteur de son rang de capitaine des amazones, pas à la hauteur de l’amour qu’un homme avait voulu lui donner, alors, lâche, elle avait fuit tout cela.
Elle avait disparu, elle les avait tous laissé sans nouvelles… Mais à présent, Les longues soirées autour d’une table bruyante de chants et de rires commençaient à lui manquer.
Indécise.
Malgré tout, elle observait ses compagnons de loin. La vie semblait suivre son cour. Certains s’étaient mariés. D’autres fondaient une famille. Melwyn s’était toujours refusée à cela. Elle voulait une vie esseulée, préférant l’ambition et le pouvoir plutôt qu’écouter son cœur. Maintenant, elle se surprenait à les envier.
Pourtant, elle avait ce qu’elle voulait, sa nouvelle communauté lui offrait la gloire. Ils la reconnaissaient, et elle s’y sentait bien. Aux côtés de ses nouveaux compagnons, elle avait occis moult créatures dont elle n’avait alors jamais soupçonné ni l’existence, ni la puissance. Elle avait atteint son but, mais un autre désir se profilait à l’horizon.
Seule.
Ses yeux lapis-lazulis s’embuent. Certes elle n’était pas seule. Camaraderie et popularité étaient son lot quotidien, mais dans le fond, il lui manquait quelque chose.
Elle avait porté le deuil de son défunt amant depuis trop longtemps. Désormais, elle voulait poser sa tête sur une épaule compatissante le soir, et s’abandonner aux bras puissants et protecteurs d’un homme. Elle voudrait pouvoir entendre parfois, des mots doux et rassurants à son oreille, et plonger ses prunelles dans le regard bienveillant d’un homme.
Aimer et être aimée, vivre autant le plaisir que la souffrance que ces sentiments intenses peuvent procurer, voilà ce qu’elle voulait à présent ; Et il était grand temps pour elle d’ouvrir son cœur, à nouveau.
Sujet: Fin du deuil et retour 
Mer 8 Sep - 11:32