Le soleil venait juste de disparaître derrière les toits de la cité. La nuit tombait lentement en cette fin d'été.
L'air frais du soir venait adoucir la chaleur des pierres exposées au soleil toute la journée. Il serait bientôt temps d'allumer les chandelles. L'argent du chandelier sur la table de travail brillerait selon l'éclat et la vie des flammes agitées par la brise. Quelle inconstance, quelle fragilité, et pourtant si belles.
Pour l'instant il était encore possible de profiter du spectacle de Varanas, en train de s'endormir pour certains, en train de s'éveiller pour d'autres. Varanas, sa cité, créée par l'art conjoint des hommes et des elfes, la capitale de Candara, et le siège du Conseil. Elle garantissait la paix et la prospérité pour tous ; elle n'avait encore jamais failli à son devoir.
Alastor Derdeï se tenait dans le bureau de son père, la pièce où il avait œuvré tant d'années au bonheur de ses concitoyens. Chacun des objets ici avait une histoire qu'il connaissait ; aucun des livres ne lui était inconnu. Et cette chaise à dossier disposée devant la fenêtre, tournée vers l'ouest. Cette chaise où le précédent Garde des Sceaux s'était assis tous les jours, s'astreignant à une tâche démesurée, inhumaine, délaissant sa propre famille.
Cette charge était dans la famille depuis plusieurs générations. Les Derdeï en étaient fiers et préparaient leurs ainés avec beaucoup de soins. L'armée et le temple avaient toujours été une bonne école pour les mâles de la famille.
L'heure de la nuit était arrivée. Une autre lumière avait disparu quelques jours auparavant dans les yeux d'Alastor. Son cœur était lourd de la mort de son père. Il savait aussi que le chevalier sable-argent disparaissait pour laisser sa place au nouveau Conseiller en charge de la justice. Finies les équipées sauvages, les caresses des intempéries, la chaleur des combats. Il soupira.
Le tableau de son grand-père aurait du être détaché et remplacé par celui de son père. Il resteront côte à côte, dérogeant à la tradition familiale. Alastor aimait son père, mais il avait une admiration sans bornes pour son prédécesseur. Erwinn Derdeï avait essayé quelque chose qui avait échoué ; son petit fils allait tenter de le refaire.
-"La prochaine réunion du conseil est proche, se dit il, j'espère que tout se passera comme je le souhaite."
Le serviteur de son père entra dans la pièce.
-"Votre rendez-vous n'attendra pas. Préparez vous, il est temps."
HRP : il serait possible de faire une réunion du conseil ? ce jeudi ou la semaine prochaine ?